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Désirs et des hommes

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«La vraie patrie des hommes, c’est leur désir.» Léon Bloy


A l’air du #MeToo, de la guerre des sexes, des théories sur le genre, les viri (vir, viri = l’homme au sens masculin) s’interrogent de plus en plus sur leur relation aux femmes, aux autres hommes, sur leur place et leur identité.


Je maintiens qu’il y a infiniment plus de points communs entre l’homme et la femme que de différences. Cette affirmation est d’autant plus importante que dans le contexte actuel on voudrait tellement prouver les différences qu’on en oublie notre commune humanité.

Masculinité et singularité

Tenir compte de notre unique nature humaine ne m’empêche pas de tenir ferme la binarité de nos genres. Il y a deux genres, masculin et féminin, deux réalités biologiques, physiologiques qui ont aussi des implications psychologiques.


Mes expériences, mes intuitions et mes blessures traversées m’ont décidé à m’orienter vers l’accompagnement des hommes sur les questions d’identité masculine. Convaincu de la nécessité de rites d’initiation et de passage, je me suis créé pour moi-même ces moyens de renforcer mon identité masculine par des voyages, des expériences variées, solitaires ou entre hommes, des lectures… Mais je sentais que ce n’était pas assez. Car je crois comprendre aujourd’hui qu’on ne se donne pas à soi-même une identité. On la construit, certes, mais on la reçoit surtout. La transmission du relais du masculin est comme un passage obligé pour l’homme. Elle se fait d’hommes à homme.


J’ai pu discerner des étapes cruciales dans l’édification de l’homme intérieur. Car on le sent bien, l’homme est bien loin de la caricature du bodybuildé, du violent, du mou et de tous les simulacres que l’on peut voir sur les panneaux publicitaires et autres médias. D’ailleurs peut-on parler de l’homme ? Ne devrions-nous pas parler des hommes. Car s’il existe une seule identité masculine, elle s’incarne dans la multitude des hommes. Si je ne suis pas d’accord avec ce concept contemporain de nouvelles masculinités, j’entends cependant ce désir légitime d’accueillir tous les hommes dans leur singularité.

Autant il y a du commun et de la différence entre l’homme et la femme, d’un point de vue anthropologique, autant il y a du commun et du singulier entre tous les hommes. Dans ce commun, dans ce qu’on peut dire d’universel, je suis allé chercher du côté du désir. Vilain mot s’il en est selon d’aucuns. Chargé de concupiscence, de faute voire de péché. Le désir est pourtant ontologiquement ce qui caractérise le Créateur. Nous sommes créés à son image et à sa ressemblance comme êtres de désir ! C’est par ce biais que je commence mes accompagnements, qu’ils soient de type coaching professionnel ou bien coaching personnel sur les questions du masculin. Car « la vraie patrie des hommes, c’est leur désir » nous enseigne Léon Bloy.

Les 4 désirs anthropologiques de l'homme

Je propose de redécouvrir les désirs anthropologiques principaux de l’homme. A l’école d’Aristote, de Thomas d’Aquin ou d’Edith Stein mais également de John Eldredge. Ce dernier a présenté dans un ouvrage devenu célèbre, Indomptable, le secret de l’âme masculine, les 3 désirs principaux de l’homme : l’aventure à vivre, les combats à mener et la femme à conquérir. D’aucuns, on peut les entendre, ont trouvé les propos simplistes. Ces derniers ont le mérite d’interroger et de proposer un vrai chemin. La Communauté de l’Emmanuel, avec notamment le Père Pascal Ide ont discerné un 4e désir : le royaume à gouverner.

C’est sur cette base que je m’appuie pour proposer ces 4 grands désirs anthropologiques de l’homme :

  • Discerner et vivre sa grande aventure de vie
  • Conquérir son humanité et mener ses combats
  • Séduire la belle et vivre l’alliance
  • Gouverner son royaume et devenir père


Chacun de ses grands désirs est une dimension essentielle, me semble-t-il de l’identité masculine. Cette identité qui s’incarnera de façon radicalement singulière chez chaque homme. Chacun déployant d’une manière unique ces désirs. Chaque homme, selon moi, est appelé à rayonner d’un éclat particulier l’un ou l’autre de ces désirs dans une multitude de services possibles. L’aventurier, le guerrier, l’amant et le sage (ou le roi) sont présents d’une manière certaine dans chaque homme. Ce ne sont pas des réalités différentes mais des dimensions distinctes d’une même nature humaine.


Chacun de ces désirs dit l’identité de l’homme dans sa beauté, dans sa force, dans sa pleine-puissance d’homme viril. Cette lecture est anthropologique, elle a donc une portée universelle. Certains pourront arguer de leur idéalité, un concept est hors du champ du réel. Or, je crois profondément que ces désirs disent quelque chose de profond, de commun à chaque homme. Encore une fois, il s’agit de grands désirs anthropologiques. Ils se réalisent, se manifestent, s’incarnent de manière radicalement différentes et uniques chez chacun. On trouve le guerrier dans l’arène du K-1, mais aussi dans le moine d’une chartreuse ou dans le père de famille qui travaille à la Défense ou dans les champs. Il s’agit d’un état d’esprit. C’est état d’esprit de l’aventurier, du guerrier, de l’amant et du sage, c’est ce qu’on appelle la vertu.


Vir, viri, m. a donné viril, ce qui est de l’ordre de l’homme masculin. Cela a donné également le courage et, en dérivé, c’est aussi l’étymologie du mot vertu (virtus, tis, f). La vertu est cette disposition stable à faire le bien, acquise par la répétition d’actes bons. Les découvertes récentes en neurosciences ont confirmé ce que la philosophie, depuis au moins Aristote, avait prouvé. C’est l’entraînement à faire un acte qui en fait une habitude. Si l’acte est bon (autrement dit correspondant à sa finalité, la dimension éthique est évidemment incluse) alors on parlera de vertu, si l’acte est mauvais, on parlera de vice.

Réalisation des désirs et engagement

Ces désirs se réalisent par l’engagement. L’engagement, c’est ce processus de discernement, de décision et d’action. Aussi, les 4 vertus cardinales sont les plus à même d’accompagner l’engagement. Et chacune correspondent, comme par synchronicité, aux grands désirs.

La vertu de courage (ou de force) nous est nécessaire pour répondre à la vocation qui est la nôtre. Vocation au sens d’appel intérieur profond à réaliser une oeuvre qui nous est propre en fonction des talents qui sont les nôtres.

La vertu de justice est cet entraînement à répondre de manière positionnée, ajustée et droite aux combats à mener, aux épreuves que nous avons à traverser.

La vertu de tempérance nous accompagne dans l’intégration et l’édification de notre psychisme.

Enfin, la vertu de prudence nous donne discernement et capacité de décision et d’action en vue de la réalisation de toutes ces actions, en vue de la sagesse.

Désirs et relation

Ces désirs nous parlent enfin de l’homme en relation. L’aventurier est celui qui répond à cet appel qui ressent en lui. Il vit sa vie comme une aventure. Une aventure unique et radicale. S’il veut être heureux, il est appelé à être fils de son désir. « Aventurer sa vie, tout est là » nous affirme sainte Thérèse d’Avila. Nous pouvons faire nôtre la maxime de cette Mère qui disait à ses filles : « Soyez viriles, mes filles ! ».

Le guerrier nous parle de l’homme en tant qu’il est frère et ami. On parle d’ailleurs de fraternité d’armes dans l’Armée. Cette dimension est essentielle pour l’homme qui a besoin de la communauté virile pour s’épanouir. Les caricatures des soirées entre mecs, bière foot, disent au fond ce besoin.

L’amant, n’est-ce pas évident ? Dit l’époux, l’amoureux, le poète, le mystique, et donc le moine qu’il y a en chacun de nous. L’amant est l’être en relation dans son union à la toute autre, la femme, sa conjointe et au Tout Autre. On parle ici d’alliance extérieure avec l’épouse où le masculin incarné en l’homme danse l’alliance avec le féminin incarné en la femme. Cette danse est signe efficace de l’alliance intérieure que nous sommes appelés à vivre avec le Tout-Autre.

Enfin le roi ou le sage (c’est pareil pour moi, ou disons que ça devrait l’être à l’image de saint Louis), nous enseigne sur l’homme en tant qu’il est appelé à accompagner, faire grandir (c’est le sens étymologique de l’autorité), diriger, gouverner ! Régner sur son territoire, sur l’espace qui est le sien. Espace qui est soi-même avant toute chose puis les autres ensuite. Ensuite seulement. « Que puis-je donner que je ne maîtrise ? » Dit saint Edith Stein. Le don de soi dans le service – autre définition de la vocation – se réalise de manière sublime dans le règne et la paternité selon la pensée de Martin Steffens « Rien n’est plus distinct du patriarcat que la paternité. Le patriarcat, c’est l’enfant comme possession du père. La paternité, c’est au contraire le père qui délivre l’enfant de son emprise, pour recevoir son enfant de plus loin que soi.

Puissions-nous, hommes et femmes, nous laissés instruire par ces désirs anthropologiques et découvrir les bienfaits de ceux-ci pour le plus grand bien de toute l’humanité !

Guilhem de Gevigney

Coach, consultant et conférencier, expert en recherche de sens.

 

Inscrivez-vous à la visioconférence du 21 septembre de 18h30 à 20h00 

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