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Célibataires : en marche vers la Résurrection

S'interroger

Le Seigneur m’a-t-Il abandonné ?

Devant notre volonté qui peut nous sembler aujourd’hui ne pas correspondre à celle de Dieu, ou le sentiment de n’être pas, pas encore, ou pas vraiment exaucés, comment dépasser l’impression d’abandon que peut générer le célibat prolongé, cette révolte intérieure qui nous rend parfois plus colla-râleurs ou colla-traîneurs que collaborateurs de Sa grâce ? Lorsque nous avons envie de dire avec Lui : « mon âme est triste à en mourir » pouvons-nous entrer au Jardin des Oliviers avec le Christ et remettre notre vie entre Ses mains ? Comment continuer à croire à la Résurrection de notre vie lorsque ce sont plutôt les Mystères douloureux qui semblent illustrer notre quotidien ? Si Lui-même a crié « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »  c’est qu’il reprend une interrogation si révélatrice de notre humanité que Dieu a endossée jusqu’à l’ultime. Quand la situation nous dépasse, ne nous arrive-t-il pas de nous écrier désespérés : « mais qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? »

Mon célibat qui se prolonge me semble un Chemin de Croix

Si le Christ Lui-même a imploré « éloigne de moi cette coupe », n’est-il pas naturel qu’il y ait aussi sur nos chemins de vie des coupes que nous souhaiterions voir éloignées ? Avec Lui, demandons que la coupe du célibat prolongé s’éloigne, au plus vite si c’est possible, sinon, à l’heure de Dieu… « Cependant, non pas ce que moi je veux, mais ce que toi tu veux ! » Nous pouvons toujours exprimer au Seigneur nos désirs, tout en accueillant Sa volonté et en Le laissant faire en nous Son agir. S’Il nous exauce, chantons Sa gloire ! Et s’Il ne le fait pas, ou pas maintenant… chantons Sa gloire aussi… mais pourquoi ?

Pour la Grâce de l’aujourd’hui

Comment parvenir à croire que le Seigneur vient à notre rencontre à travers l’aridité de l’aujourd’hui ? Pouvons-nous admettre que s’Il permet que notre solitude se prolonge, ce n’est certes pas une « punition », ce n’est pas que nous ne soyons pas dignes d’être exaucés, que nous ayons à « payer », à nous purifier, à mériter. Fort heureusement, Dieu n’agit pas en réponse à nos vertus, car jamais nous n’atteindrions un niveau suffisant pour mériter ses Grâces. Dieu n’est pas un marchand auquel il faudrait proposer un prix supérieur (plus de sacrifices et plus d’Ave et de Pater) pour être sûr d’obtenir la marchandise. Cette attitude serait celle de la religiosité païenne. La vraie Foi chrétienne s’exprime plus admirablement dans le verset 23 du psaume 31 (30)

« Et moi qui disais tout affolé : Je ne suis plus sous ton regard

Et pourtant tu écoutais ma prière quand je criais vers toi »

Croire veut dire être certain, être certain que Dieu agit déjà, ici et maintenant, dans ce qui nous semble encore un désert. Ses Grâces sont des dons et non des récompenses : Il agit en débordements de son Amour infini et inconditionnel de Père. C’est un Amour gratuit. Et en remerciements à Ses dons, nous ne L’aimons que davantage, aimons-Le donc par avance... Si nous ne sommes pas encore exaucés dans notre demande de rencontrer le conjoint selon Son Cœur, c’est tout simplement qu’Il a quelque chose à nous offrir déjà au cours de ce temps de solitude qui n’est pas désert, puisqu’Il l’habite. Et la tendresse de Dieu qui certes se manifestera pour nous lors de la rencontre de celui ou celle qui partagera notre vie, se donne à voir dans une foule de petits gestes et attentions que le Seigneur nous donne déjà pour éviter que nous sombrions dans le désespoir. Croire, c’est chercher à déceler ces petites attentions du Seigneur qui, croyons-le de tout notre cœur, souffre tant de nous voir souffrir.

Ouvrir son regard au-delà de la détresse

Alors que nous Le croyons sourd, Il a déjà largement commencé à nous exaucer. Ce qu’Il permet que nous vivions aujourd’hui est à coup sûr un chemin de croissance, d’approfondissement, de libération, de construction intérieure. La bonne personne n’a pas encore croisé notre chemin ? C’est alors un mystère à approfondir, des cadeaux à découvrir. Décidons d’entrer d’un cœur serein dans la joie de l’aujourd’hui, confiants que chaque jour est Grâces et jouons à ce jeu de piste encourageant : décoder les fruits que le Seigneur apporte dans nos vies chaque jour. Fruits de croissance intérieure, temps pour mettre de l’ordre dans notre vie, pour couper des liens qui nous enferment, pour élargir l’ouverture de notre cœur, fruits de rencontres avec notre prochain, de don de soi, d'intimité intérieure avec Lui… Ces fruits sur mesure que l’on reconnaît plus souvent dans le rétroviseur de la vie, à postériori, cherchons à les contempler déjà !

La Résurrection sans la Croix, cela n’existe pas !

C’est par le chemin de la Croix Glorieuse que Jésus ressuscite. Nous sommes là au cœur du grand mystère chrétien : l’absurde, le mal, le non sens n’ont jamais le dernier mot. Mieux ! Ce sont les berceaux du bien. Le bien jailli de la souffrance est doublement bien, il est vrai bonheur. Il nous arrive si souvent de rencontrer des personnes qui témoignent des fruits de leur célibat. Certains peuvent ainsi relire une rupture passée « je l’ai échappé belle en n’épousant pas telle personne, pourtant au moment-même, j’ai cru que ma vie n’avait plus de sens ». D’autres découvrent enfin une valeur au temps trop long de la solitude « ce temps m’a permis de mûrir, de me poser les bonnes questions, et je n’aurais pas pu construire un couple si fort et harmonieux si je n’étais pas passé au creuset de ce temps de solitude ». Mystères de l’attente, de la souffrance, du désert… Soyons sûrs que Dieu nous veut heureux car son Amour est généreux et qu’à chaque instant Il pose déjà une pierre pour construire le chemin de joie qu’Il veut tracer dans nos âmes et nos vies.

Nous vous souhaitons, à l’occasion de la fête de Pâques, d’être empreints de la joie de la Résurrection du Christ, présent et attentif à nos côtés : ouvrons notre regard pour nous mettre à Sa suite puisqu’Il nous dit « Je vous précèderai en Galilée »…

(Les passages de l’Evangile sont extraits de la Passion selon St Marc).

Pour aller plus loin :