La fraude mystique de Marthe Robin ?
Faits d'ombre et de lumière
J’ai été fortement ébranlé par le titre du livre ce Conrad de Mester : « La fraude mystique de Marthe Robin».
Wahou ! Un tel titre peut faire vaciller bien des certitudes et mettre à mal notre foi en l’Eglise.
Au-delà de sa «fraude», je peux témoigner personnellement de l’intercession bien réelle de Marthe Robin dans ma vie.
L’application rigoureuse du père Conrad de Meester à déceler les contradictions de Marthe et ses emprunts aux écrits des saints est surprenante. Son livre semble oublier trois données fondamentales :
- Chacun est fait d’ombre et de lumière… même les saints !
- La relation à Dieu est un long cheminement et une progression spirituelle.
- C’est aux fruits que l’on juge l’arbre.
Cessons d'idéaliser la vie des saints
Nous viendrait-il à l’esprit de dénicher toutes les reprises des écritures anciennes par Jésus ? Est-il opportun de repérer chez tous les saints leurs emprunts spirituels aux écrits des pères de l’Eglise ou à des saints antérieurs ?
La fonction même d’un saint n’est-elle pas d’éclairer et de nourrir la vie spirituelle des saints à venir ?
Cessons d’idéaliser la vie des saints ! Cela rend notre sainteté inaccessible ! Or, Dieu y invite chacun. L’un des premiers saints à rejoindre le paradis est un malfaiteur crucifié aux côtés de Jésus. Le grand roi David était un criminel… Tous les saints ont une part d’ombre, de noirceur que sont venus éclairer l’amour, la bonté et la miséricorde de Dieu. Cette illumination d’amour ne les a pas épargnés de combats, de chutes, de relèvements. Fort heureusement, le jugement de Dieu, n’est pas celui des hommes. Sa miséricorde efface notre noirceur et sa bonté ne regarde que notre lumière.
Dieu façonne
"Ce n'est pas toi qui fait Dieu, c'est Dieu qui te fait". On ne nait pas saint, on le devient. La sainteté est le chemin de l'Homme qui s’éprend de Dieu au point de, petit à petit, s’y abandonner. Quelle espérance de découvrir la vie de saints initialement... inattendus !
Qui aurait parié sur la sainteté de Marie Magdeleine, sur celle de Saint Augustin dont la jeunesse chaotique inquiétait sa mère ? Peu de bons chrétiens auraient misé sur celle du lieutenant Charles de Foucauld, aventurier, amateurs de fêtes, de femmes et à la vie dissolue. Son cœur à cœur avec le Seigneur l’a conduit à devenir le bienheureux père Charles, frère de tous et ami des Touaregs.
Accordons à Marthe, ce chemin d'ouverture et de don de soi, au coeur de sa maladie.
C'est aux fruits que l'arbre est jugé
D’aucuns s’emploient à énumérer tous les fondateurs de communautés qui ont visité Marthe et qui se sont égarés (Frère Ephraïm, père Marie-Dominique Philippe, Jean Vanier…). Cette effrayante liste semble conforter la thèse d’une imposture et d’une « entreprise diabolique ». Il me semble que, là aussi, le malin se soit pris les pieds dans le tapis. Au-delà des égarements de ces fondateurs, combien de conversions, de retours à la foi, de renaissances spirituelles, de guérisons intérieures au sein des communautés des Béatitudes, de St Jean, des foyers de Charité, de l’Arche… Là aussi, le Christ a vu plus grand que nous. Son regard ne s’est pas arrêté à l’arbre fragile mais s’est porté sur les fruits à venir. Sa patience et sa bonté prend même soin du figuier stérile (Luc Chap13 V6-9)…
Seul le temps, permet de juger de la pérennité et de l’abondance des récoltes. Ne coupons pas trop vite le « figuier Marthe » sur le coup d’émotions humaines et temporelles.
Olivier ORNA
Co-fondateur de Theotokos.fr
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