Homélie de l'Avent
Ce temps de l’Avent, quel est-il vraiment ?
Maintenant
Ce n’est pas tellement le temps avant Noël, que celui vers lequel tout le mystère chrétien, toute vie de baptisé, tend. Vous savez combien l’Avent s’écrit avec un et veut dire Avènement ou venue du Seigneur.
Ainsi donc l’AVENT est le temps de l’Avènement du Christ.
Temps de l’attente, temps de la veille, nous l’avons entendu, c’est la demande du Seigneur, ce temps est-il un temps du futur ou du présent ?
Comme chaque année, ce temps de l’Avent nous tourne d’abord vers le retour du Christ à la fin des temps. Nous célébrerons à Noël sa venue dans la chair, sa venue dans notre temps humain et dans l’histoire humaine. Mais nous célébrons chaque jour sa présence en particulier dans l’Eucharistie, jusqu’à ce qu’Il revienne (1 Co 11,26). Nous attendons ce retour glorieux du Christ à la fin des temps lorsque tout sera récapitulé dans le Christ. Comme nous n’en savons ni le jour, ni l’heure, les générations chrétiennes ont perdu ce temps de l’attente des premiers chrétiens, qui pensaient effectivement voir ce retour glorieux du Christ sur terre, qui pensaient le voir de leur vivant. Cela fait plus de 2000 ans que l’Église est en attente de ce retour glorieux, que nous n’y pensons pas vraiment. Et quand les hommes y pensent, c’est pour avoir peur ! Alors qu’au contraire, le Christ nous appelle à un temps de beauté, de douceur intérieur, de prendre le temps dans nos vies effrénées de se poser. L’approche est souvent l’occasion d’un tourbillon presqu’infernal, pour remplir des obligations, que l’on arrive épuisés à Noël et que l’on reprend après la pause des festivités devenues trop humaines et souvent artificielles, que l’on ne pense plus à la simplicité, à la pauvreté de la venue du Christ dans la Crèche. Le Pape François nous appelle instamment à rendre plus simples mais aussi plus profondes nos fêtes, comme nos vies.
La vie chrétienne se vit dans le temps présent, et même dans l’instant présent.
Elle se vit maintenant. La Parole ne nous annonce pas seulement un avenir lointain, hypothétique, difficile à imaginer, à se représenter. Elle nous invite à accueillir la venue actuelle du Christ. C’est maintenant que le Christ vient de manière invisible mais réelle. C’est maintenant qu’il se propose à nous, et pas demain dans un futur inconsistant. Car en effet entre la venue historique dans la chair du Christ et celle de son retour glorieux, il y a une autre venue qui fait le pont entre les deux et qui est continuelle : c’est sa venue dans la grâce, chaque jour.
L’Avent est un temps d’attente joyeuse mais aussi un temps de veille.
Qu’attendons-nous dans notre vie ? Nous pouvons la passer à vivre les activités quotidiennes, comme si elles se suffisaient à elles-mêmes. Triste vie, triste perspective ! Et pourtant c’est ce que nous présente uniquement la société actuelle, qui se réduit à une culture de mort, comme au temps de Noé : on mange, on boit, on se marie (Mt 24,38), on meurt et peut-être tragiquement. C’est une vie à court terme, sans espérance.
Notre attente est une veille et elle est une marche.
Notre vie chrétienne est une marche et une garde. Le Christ nous recommande d’être vigilants. Non par peur d’un jour soudain, mais pour accueillir Celui qui vient à notre rencontre. Comment veiller ? Par la prière, certes que le Pape François a défini d’une belle manière aux jeunes du Japon cette semaine : être là (Pape François citant un sage : "prier, c’est d’abord simplement être là" lors de sa rencontre avec les jeunes, à Tokyo le 25 novembre 2019) .
Notre veille est une présence au Christ qui est présent à nous. Mais c’est aussi une veille active : c’est une marche et une ascension. Pour cela il faut se tenir prêt. Il faut être réceptif à Celui qui vient et en prendre les moyens. Notre veille est une présence au Christ qui est présent à nous, qui demeure présent dans nos églises au tabernacle, mais qui est aussi au fond de nous. Est-ce que je prends le temps d’entrer et de faire une visite au Saint-Sacrement ? Le Maître est là et Il t’appelle (Jn 11,28b). Il t’attend. Est-ce que je pense en toute chose, qu’Il m’habite ? Le temps de l’Avent est aussi celui de la redécouverte de la prière qui unit au Christ, en étant appelé par notre propre nom comme Samuel dans le temple du Seigneur.
Je peux avoir toujours l’impression de ne pas savoir prier, mais l’Esprit vient au secours de notre faiblesse par des gémissements inexprimables (Rm 8,26). Parfois je suis trop fatigué pour prier, je ne peux le faire longuement. Il suffit d’être là, de se poser, de s’asseoir, parce que Lui Il est toujours là. On toujours l’impression de manquer de temps. Mais souvenez-vous de Sainte Mère Teresa. Les sœurs réclamaient de réduire le temps d’oraison parce qu’il y avait trop de malades à s’occuper, elle les a invitées à le doubler : au lieu d’une heure, deux heures ! Et les malades ont été bien soignés. Et moi, je vous dis, un petit quart d’heure ! Ne serait-ce qu’un quart d’heure. L’Avent est aussi le temps de la prière silencieuse, intérieure, de communion avec le Seigneur qui seul compte, qui doit avoir la première place. Il ne suffit pas de l’inscrire sur un T-shirt ou un sweet. C’est déjà s’afficher, c’est courageux. C’est même très missionnaire, c’est vrai. Mais il faut que ce soit effectif dans notre propre vie.
Quelle est cette montagne du Seigneur dont nous faisons l’ascension (Is 2,3-5) ? Quel est ce lieu de rassemblement pour tous les hommes ? Quel est ce lieu de paix ? Quelle est cette lumière ? Quelle est notre espérance, qui est bienheureuse (Tt 2,13a) ? C’est le Christ Lui-même !
Lorsque Dieu vient à notre rencontre, Il nous surprend.
Laissons-nous surprendre par le Christ qui vient maintenant. Ne ratons pas ce rendez-vous d’amour. Il n’y en a pas de plus beau ! Si le Christ vient maintenant, c’est pour que nous vivions notre vie au présent sans craindre l’avenir. Amen.
HOMÉLIE EN LE PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT
Orgeval – décembre 2019
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