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Méditation de Carême: péché ou blessure ?

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Le péché : faux-ami de nos vraies blessures

N'est-ce pas une blessure plutôt qu'un péché ?

Il y a quelques années, à l’occasion d’une soirée dans une équipe Notre-Dame, nous avions prévu de parler du péché. L’une des participantes faisait remarquer que très vite, quand on “gratte” un peu le péché, on trouve une blessure affective, psychologique et, du coup, la notion même de péché s’efface, car elle paraît trop sommaire. Nous ne serions donc plus pécheurs, mais nous serions blessés plus ou moins gravement, et ce qu’on appelle péché serait simplement notre manière de gérer telle ou telle blessure intérieure. En hommes et femmes modernes, un peu informés de psychologie, nous sommes poussés à rejeter le mot et même la réalité du péché.

Cela semble plus confortable de ne pas voir le péché

Si je ne suis jamais pécheur, mais toujours blessé, je ne suis finalement responsable de rien, ce qui, dans un premier temps, est plutôt confortable. Et comme le “confortable” est aujourd’hui le critère ultime d’appréciation de toute chose, je suis fortement tenté de faire cette mutation du péché à la blessure. Mais du coup, je perds le dynamisme sauveur du Christ qui me sauve de mon péché; le Christ n’est pas simplement celui qui accompagne, celui qui “colmate” pendant un temps telle ou telle “blessure” jusqu’à ce qu’elle se rouvre à nouveau, il est le sauveur, il me sauve.

Pourquoi le péché est-il un faux-ami ?

Je crois que le péché, c’est le faux-ami de mes vraies blessures. Il se propose à moi pour gérer mes blessures, mais il le fait d’une façon perverse au sens où, malgré les quelques services positifs qu’il peut me rendre, il ne me guérit pas, car il ne travaille pas à la racine du mal. Et il me lie à mes blessures, il ne m’en dégage jamais vraiment et se rend donc toujours indispensable: l’orgueil, par exemple, vient et revient sans cesse à mon devant si j’ai souffert dans le passé d’une non-reconnaissance; de même pour la jalousie, cette tristesse que j’éprouve devant le bonheur d’autrui... Et l’on peut continuer l’inventaire.

Nos blessures dans le Coeur du Sauveur

Pendant ce temps de Carême, je vous propose de demander à Dieu de nous délivrer de nos péchés, de tous ces faux-amis de nos vraies blessures. Il faut toute la force de la grâce Dieu pour désavouer un faux-ami, mais là est le salut et non pas le colmatage provisoire. C’est un acte de foi qui suppose que dans un premier temps, dans le secret de la confession, j’accepte de lâcher ce qui en fait me “tient”, assuré que le Seigneur agit: c’est lui qui soignera mes blessures ou leur donnera une fécondité nouvelle et inattendue si je désavoue mes faux-amis ! Il me sauve.
Amen.
 
Bernard HERAUD, curé de Notre-Dame de la Valloire et de Saint-Joseph de la Galaure (diocèse de Valence)
 
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